dimanche 28 octobre 2012

Ne jetons pas le bébé 2012 avec l'eau du bain !


On nous en rabat les oreilles dans la presse, à la tv, sur les blogs : 2012 a été une année difficile à la vigne.
Nous aussi, aux Moussis (soyons légers !) nous avons été servies. Mais l’addition n’a pas été trop salée : pas de dégâts de gel (on l’a frôlé quand même), pas de grêle, une floraison étalée mais peu de coulure (donc beaucoup de baies), du mildiou bien présent mais qui a eu des effets limités (10% de dégâts sur grappes), de l’échaudage mais pas trop et pour finir des vendanges sur le fil du rasoir avec un début de botrytis…. 
Les opérations à la vigne se sont succédées : relevages, échardages (c’est la première fois qu’on enlève systématiquement les entrecoeurs), effeuillages soleil levant, travaux du sol, silice de corne entre les gouttes, pas moins de 15 passages de pulvé solo (petit appareil léger qui passe entre les rangs étroits) avec préparations de plantes, cuivre et soufre… bref un dispositif qu’on pourrait classer alerte orange foncée dans l’échelle des niveaux de précautions prises à la vigne ! Ça l'a aidé à passer quelques moments difficiles.

Résultat : une année comme celle là valide notre choix d’une petite surface et d’un travail manuel. On a eu assez de raisin et sa qualité nous convient, bien que certains jus aient été dilués par des pluies trop proches des vendanges.

J'ai lu que 2012 serait une année de riches ...
(sous-entendu : si tu n’as pas la trésorerie pour te payer des saisonniers qui interviennent  vite et en masse point de salut). Peut-être, mais alors notre richesse c’est d’être petits et libres :
- Petits car 1,5 ha cette année ça se gère plus facilement par un bonhomme que 10 ha mécanisés, surtout quand les tracteurs ont du mal à passer entre les pluies.
- Libres, car il faut pouvoir passer pendant quelques semaines 100% de son temps à la vigne (donc négliger tout le reste… c’est pas bien je sais). Cette liberté, on la savoure d’autant mieux qu’on avait jusqu’alors une vie de salarié avec les contraintes inhérentes : horaires, hiérarchie…

Je vois venir tous ceux qui pensent que cette exploitation n’est pas viable avec une si petite surface et que la plupart des gens normaux ont des responsabilités et des obligations auxquelles ils ne peuvent se soustraire. C'est un sujet sensible chez moi...
Je commencerais par leur répondre que le temps ne dois pas être rempli d’obligations mais d’actes conscients et choisis, mais je garde tout ça pour un autre jour, un autre billet peut-être.

Aujourd’hui je pense à ce fameux deux mildiouse, surnom donné par des vignerons agacés par tant d’acharnement météorologique.
Je rêvasse au rythme des cliquetis et couinements du pressoir.
Voilà ce que ça donne :


Parmi mes ressentis et mes émotions, c’est l’optimisme et l’envie qui dominent : l’envie de parier que le meilleur reste à venir.Les jus sont là, à mon goût. Les presses sont belles. Et si 2012 valait le coup qu’on s’accroche un peu à ses basques ? Cap ou pas cap !? Cap. Avec plein d’incertitudes, mais cap quand même.

Allez quoi ! Ne jetons pas le chérubin 2012 avec l’eau du bain…


Et pendant ce temps là … 

Tout Bordeaux parle de son nouveau pont (le quatrième), un ouvrage pharaonique de plus de 110 mètres qui va complètement modifier la circulation dans la ville entre le cœur historique et le quartier Bastide en pleine émulation culturelle, créative et économique. Les élus se félicitent, les discussions sont vives pour savoir si Alain Juppé et son conseil Municipal ont eu raison de le baptiser pont Chaban-Delmas  alors que tout le monde l’appelle BA-BA (pour Bacalan-Bastide).

J’aimais bien BA-BA. Mais il paraît que ça fait trop bobo. Pas faux. Au moins c'était rigolo.



Vous lisez trop les blogs! Allez plutôt rencontrer vignerons & cavistes de proximité!